Elle sent, il voit
Elle sent, il voit.
Ce travail au Musée me laisse du temps, alors je pars à la recheche, je ne sais encore laquelle.
Etre soi est déjà une quête.
Il suffit de laisser venir, chaque seconde, chaque pas trouve alors sa place,
indépendamment de soi.
Mes pensées ne sont pas encore là, ou elles galopent déjà, devant.
Manque l'intervalle, le seul qui existe: le présent.
La mer, depuis quelques jours m'ouvre cet espace.
Tumulte Immobile.
D'abord, l'air me pénètre telle la fine lame d'un avaleur puis se déplie en fractale jusqu'à la plus fragile phalange.
J'ôte mes chaussures
Mon pied droit se déroule sur une petite dune, l'aplatissant légèrement
Le gauche épouse un creu.
L'eau aborde mes orteils,
petites péninsules,
puis fraichement elle les contourne, revenant encore jusqu'à les submerger.
L'instant s'élargit, mon esprit s'étale tel un liquide dans les fibres d'un tissu infini.
J'existe,
de part mon corps, relié au sable mouillé dans lequel il s'enfonce quelque peu alors que la chaleur pénètre mon front.
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J'aperçois la fille du Muséum.
Ma main en visière forme avec l'océan un cadre mouvant dans lequel elle s'inscrit.
Ses vêtements bleus pales suivent le vent.
Sur ses cheveux, vaguements attachés dans la nuque, le soleil plonge et se défait en des milliers d'épingles argentées.