Bathyscaphe
Bathyscaphe
Les lampadaires s'allument un par un, gouttes de lumière tombant de la nuit, halos réchauffant les ruelles étroites. C'est là que je m'enfonce alors que mes pensées commencent à trembler entre les doigts de l'univers secoué chaque seconde.
Tant que je marcherai, mes angoisses ne trouveront pas support.
Je découvrirai des trésors, des scènes et bricolerai quelque chose.
Nous sommes quelques corps ce soir, celui là devant pose le pied droit exclusivement sur la bordure grise du trottoir. Cette femme frotte ses lèvres avec son écharpe. Une voix qui chantonne me dépasse au moment où je ferme les yeux.
Je la suis, puis la perd et me perds également.
Dans cette rue éteinte et comme sortant du mur un énorme bathyscape doré flotte dans le noir.
Plus loin, dans vitrine d'un taxidermiste, les ombres des bêtes jouent aux cartes, se délassent, bois ôtés, dents rentrées.
La petite flamme de la joie se ravive, je pose ma main sur mon coeur pour la réchauffer, chaque image est là maintenant pour l'entretenir.
J'aurai aimé connaître cette gardienne, d'une main elle aurait ralentit le rythme de mon coeur.
Chanceux ceux qu'elle rencontre, car elle leur offre une couverture pour se blottir de la vie.
Si pour moi elle existe, elle est loin et seules mes pensées permettent que je l'approche.
Je rejoins le musée, regarde en haut le hublot, parcours des yeux la façade,
La flamme dans la main comme une chandelle, je monte jusqu'à ma chambre et regarde où je me tenais l'instant précédant.
Me vient la pensée qu'il y a un autre lieu caché, sur cette même aile, j'en suis sûre. Je le vois.
Il est proche, difficile à atteindre.
Il est chaud, sens l'enfance et les secrets.