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des traces de pas...sur les nuages
18 avril 2015

le cycle

Le cycle

 

La réfection de la serre occupait une partie de mes journées.

Je m'attelais maintenant à réparer le réseau d'eau, tuyaux à déboucher, percer, remplacer, joints à serrer, visser...

J'apprenais, à mesure, découvrant la toile ombilifère qu'ils avaient crées des dizaines d'années auparavant.

Que de capacités ils avaient gardés secrets.

La compétence de mes aïeux en plomberie m'étonnait de plus en plus.

Un vieux clou par exemple, distribuait d'égales part d'eau au fond alors que près de la porte le cadre répondait à la chûte de la lumière au travers des montant des baies vitrées. Ressorts, guidon, tout avait trouvé une utilité.

Quelque part dans la maison, ils conservaient des graines, elle me l'avait dit un soir, posant l'index au dessus de ma bouche, tel l'ange.

Me revint à l'esprit, alors que j'éteignais le chalumeau, l'histoire qu'elle aimait conter lorsque qu'allongé dans l'herbe, elle me massait le visage face au sien inversé;

Je m'étendis sur le sol de la serre et, d'eux mêmes, les mots se mirent bout à bout, alors que sa voix joyeuse, poussée d'une antichambre de ma mémoire se posait claire et respirante sur sa porté. 

 

Il était une fois, un vieux jardinier, dont la maison, minuscule était posée au milieu d'un jardin, immense, fleuri, et arboré.

Ce jardin était si grand qu'il ne pouvait en voir la fin.

Chaque soir, il s'endormait se disant: "il y a encore tant à faire, il me tarde d'être à demain."

Ayant acquis au fil des ans un certain savoir-faire, il avait installé devant sa porte une petite échoppe; chaque jour, il y déposait des bouquets et sachets de graines étiquettées que chacun pouvait emporter, à condition de laisser dans une assiette à cette intention quelques pièces, ou, à défaut dans une boîte d'allumette une, deux ou trois graines.

Le jardin vivait  et il vivait aussi les tempêtes et sécheresses mais renaissait chaque fois, se dépliant, vigoureux et brave.

L'âge du jardinier se lisait dans ses plantations, les massifs devenaient peu à peu inaccessibles alors que choyés les parterres flamboyaient de couleurs de plus en plus vives.

Papillons et insectes se posaient l'épaule de leur bienfaiteur, alors que les nuisibles reculaient le saluant.

Un jour, dans la boîte d'allumette, il trouva une graine étrange, bleutée qui dans le creux de sa main semblaient faire de légers soubresauts.

P1090589

A peine plantée, ses racines plongèrent en terre y puisant force et substance alors qu'en surface des bras étoilés fendirent l'air pour épouser la lumière du soleil et  s'allonger pour former le corps d'un jeune garçon, en salopette, chemise, tablier et chapeau.

Le jardinier su alors que l'heure de fâner était arrivée.

Il salua les jeunes pousses, les lourdes têtes des roses émues, remercia la pluie et le soleil, puis tomba face au ciel, et redevint poussière puis terre.

 

A ces mots, j'entendis au carreau le bruit ténu d'une tape.

Je frottais mes yeux, alors qu'un papillon pourpre aux ailes duveteuses s'éloignait, me ramenant à la vie.

 

P1090451

 

 

 

 

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