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des traces de pas...sur les nuages
6 avril 2014

la Femme Polyanthe

 La Femme Polyanthe

 

 

 

Arriver dans une gare me procurait des sensations extrêmes, un nuancier oscillant entre excitation et mélancolie.

Chaque seconde agissait comme un soufflet qui respirait en vrac : basalte, vêtement enfumé, sueurs de précipitation,  pages de roman et de polar, effeuillage de journaux à sensation, bruits de pas de course ou de nonchalance, roulis des valises, soupir des locomotives, les voix plus ou moins audibles générées par les haut parleurs.

Les trains essaimaient d'un côté, alors que de l'autre la ville se débarrassait comme de spores d' anonymes voyageurs.

Je m'installai devant un café pour reprendre mes esprits, laisser  ces différents fluides me passer outre et attendre l'annonce de mon train.

J'aimais les « places fenêtre ».

Dans ce café les baies vitrées donnaient sur les anneaux ondulant des multiples escalators. Les voyageurs aux pieds accrochés au métal étaient prêt à sauter vers le quai avec leur valise comme appendice. Rapaces cherchant la sortie comme ces pigeons et moineaux prisonniers des lumières.

Dans mon café tournait le geste brusque du serveur. Je dessinais des huit, modifiais le sens du courant.

Une femme s'était assise non loin, sa chaise sans tampon avait légèrement raclé les carreaux beiges. Elle portait un minuscule chapeau qui maintenait comme un couvercle ses cheveux  frisottés et elle agitait l'étiquette de son sachet de thé comme pour lui apprendre à nager.

Elle n'avait pas de bagage, juste un petit sac rouge au fermoir doré, pas de bijou non plus mais sur ses poignets l'ombre de sa peau formait des bracelets.

Son regard s'éleva d'un étage, se frayant des chemins dans l'atmosphère.

Au même instant , un parfum passa devant moi puis vint s'enrouler autour de mon visage comme pour m'abrutir les sens.

Il était puissant et profond à la fois, formait des ponts enjambant des rivières, grimpait le long des murs pour atteindre l'horloge.

Une fleur nouvelle avait éclos.

Je ne pouvais la voir mais elle me saisissait.

 

Le sachet reposait dans sa soucoupe et la cuillère inversait le décor.

Les voyageurs passaient dans le sillage, emportant quelques particules

 

Le parfum venait d'elle

avec son chapeau couvercle,

son visage perdu, sans expression visible,

ses bras sans bagages.

P1060213

 

 

Cette fleur c'était elle,

avec en son cœur

les voyages qu'elle ne faisait qu'en rêve,

les émotions palpitant en son corps carapace,

son regard qui reflétait le monde en son entier,

et son chapeau pour retenir en dedans jardins multicolores et exubérants, explosant dans le vent en d'exotiques danses.

 

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Commentaires
D
Parfois on ouvre une porte par simple curiosité et ce qu'on découvre est une belle surprise.
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L
merci d'avoir ouvert la porte, je suis très touchée par ton message.
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D
Joli moment multi-sensoriel, tous les capteurs ouverts sur l'espace environnant, et création de l'histoire d'une inconnue.<br /> <br /> Un petit salut au passage à l'ensemble de ce blog qui met en valeur une belle et sincère sensibilité par le biais de créations diverses et originales. Un petit havre d'intimité et de contemplation de la vie.<br /> <br /> Daydream.
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