place

   Place

Sur le chemin je pensais à mon itinérance dans cette maison depuis mon arrivée. Chaque fois la même sensation s'emparait de moi, comme une main qui se serait faufilée entre les lattes du parquets et me saisissait aux chevilles:  je ne savais pas où m'asseoir ni dans quelle chambre installer mes affaires.

    Je ne trouvais pas ma place.

    Ce décalage  ajoutait à cette impression de découverte, desequilibre à chaque moment renouvelé

     Puis, peu à peu, les habitudes, extérieures à moi, me recouvraient comme de nouveaux vêtements pas encore ajustés.

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    Ma chambre, la vraie, était ailleurs, entrouverte quelque part: une pièce dans le fouilli de ma tête. J'y retournais certains soir, quand la journée avait été trop rude (à d'autres heures aussi, elle se faisait alors petite comme une boîte d'allumettes)

    Parfois je peinais à l'atteindre, trop de bazar ou de monde dans les couloirs.  Mais chaque fois je la retrouvais, avec sa porte entrebaillée, petite mobilité nonchalante qui me montrait que j'y étais espéré.

    Mon lit y était fait comme chaque matin, j'avais éteint huit  heures (mon chiffre dofu et joufflu) avant la sonnerie du réveil. Je m'étais brossé les dents, mis à mes devoirs sans rechigner et sans aide, regardant de temps à autre par la fenêtre sans volets, faisant tourner cette petite boussole orange pour la rendre folle en vain. Plus loin, les livres se serraient sur l'étagère, accueillant régulièrement de nouveaux venus. 

    Derrière la porte du cagibi, extension personnelle  j'entendais, la nuit surtout, des petits bruits. 

    Le vent balayait les ombres.

    Je pouvais alors basculer, arrimé, dans les songes.