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des traces de pas...sur les nuages
27 août 2019

Dans tous les sens Prisma a décollé à 14h44 comme

Dans tous les sens

Prisma a décollé à 14h44 comme prévu. 

La veille, les tulipes avaient fleuri, bien que leurs pieds fussent piégés par la neige.

Jamais de ma vie je n'avais vu cela. "Un jardin reserve toujours des surprises".

 J'ai de nouveau rangé la maison, nettoyé les vitres, arrosé les plantes et posé mes directives anticipées dans le secrétaire que j'ai fermé la clef.

J'ai rejoint la base à pied, emportant les odeurs de poussière et de pins, la douce caresse du vent dans mes manches retroussées. 

A 14h50 j'étais toujours vivant, mon coeur bondissant dans le scaphandre. Dehors le vacarme des premières secondes faisait trembler la terre sur des kilomètres. J'ai vu les ingénieur(e)s, les technicien(ne), l'homme de ménage tomber dans les bras les uns des autres et se congratuler via écran interposé.

Je souris, mission accomplie.

Dans le ventre de la navette les bruits sont sourds, la température neutre et la pression vous emmaillote. La main de dieu décide ou pas de vous porter vers l'espace.

 

IMG_20190720_114804_084

 

La navette s'est arrimée. J'ai rejoint le cocon blanc, oté le scaphandre, accédé aux caissons qui transportent vivres et missions, exploré les pièces de vie, découvert la première attention dans une chaussette rayée: la petite voiture verte et brillante avec laquelle je parcourais les collines de mes couvertures.

L'habitacle est un tube dans lequel je m'étire et parcours plusieurs centaines de mètres par jour. Dans le blanc et le métal aseptisés, comme un chien je me surprends à flairer les coins, les courbes des objets et les sachets lyophilisés.

Les satellites ombellifères passent et je repère les estropiés. 

IMG_20190715_203809

 

En contrebas, la brume recouvre les guerres. Les ras de marrés sont des gouttes d'eau, les levers de soleil gorgés de promesses se succèdent, effaçant les jours passés.

Le scaphandre  de mes sorties extravehiculaires est doux comme le fond d'un oreiller de plumes.

IMG_20190715_203107

 

Relié je peux me concentrer sur la tache brilante, la saisis grace au bas telescopique numero 14, adapté à la cible. Les serres métalliques attrapent  le projectile et le replient comme un parapluie. Puis je le glisse dans la broyeuse qui le transformera en petits cubes rangés en fonction de leur densité. 

En bas les côtes du Pacifique s'enroulent dans le bleu nuit.

Le corps s'est adapté, les journées durent désormais 48heures, c'est là, à la minute près, que le flottement cesse et que je tombe dans le sommeil comme une chiffe molle . S'invitent alors les rêves remplis de senteurs, de saveurs, de contacts, de courses et de prairies.

Au matin, debout dans la couchette je lance des bulles d'eau dans ma bouche puis ouvre le hublot.

192ème heure.

La serre embarquée produit de petits bruits qui dénotent parmi les sons et ronronnements réguliers.

Je n'en trouve pas de suite l'origine, il faut chercher, explorer les tiges soulever doucement les brins d'herbe. Puis, après un temps indéfini,  les oreilles s'affutant à mesure, je le découvre en ouvrant doucement tels les rideaux d'un berceau, deux pétales de rose. Il est là dans le calice doux et nacré: un colèoptère couvert de pollen qui se frotte la carapace. Une cetoine, une merveille scintillante, parée de vert.

Le pollen colle à ses pattes lui faisant des bottes de fermier, il reprend sa marche vers un autre calice.  La tête de la fleur ploie, il est attendu comme un roi avec son trésor infinitésimal dans  les pattes. 

Il s'attèle à la tâche. Bientôt d'autres pousses émergeront, multiples, s'étalant et gagnant en hauteur.

En pensée je peux voir le jardin croître  et envahir la capsule, les murs se couvrir de feuilles, les fleurs exhaler leur parfum d'aise, et la prairie immense et colorée se dérouler sous mes pas 

 

 

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