Ma maison est aquatique
Ma maison est aquatique.
Je respire dans mon lieu le parfum de l'étrangeté. il n'est pas encore tout à fait mien, telle une chambre prêtée chez un ami. J'apprécie quand le renouveau m'étourdit.
Je deviens petite chose sous la fenêtre et inspire.
Ainsi nous nous retrouvons.
Un chemin me reliera toujours à ma naissance, il ne peut se rompre. Et je retrouve mon vrai lieu, celui de toujours.
Je suis née ici, non du ventre de ma mère. Ils se trompent tous.
Je suis née ici, sortie de ces eaux, poussée au dehors.
Dans l'eau salée, à l'air mélangée. Et j'ai du choisir, l'instant d'un fragment de temps, celui où je devinais tout.
Puis, l'air a pénétré mes poumons en une douleur, celle de la fin, j'en ai eu conscience, l'instant un fragment de temps, juste après, ou en même temps, le sable, par myriade, m'a accueillie.
Je connais chaque rocher et chaque battement d'algue.
Mes doigts ont parcouru toutes les infractuosités, douces, coupantes, rugueuses, glissantes, chaudes, humides.
J'ai attrapé ce fil parce qu'il était là, pour m'assurer de sa solidité et pour voir où il menait.
Maintenant je sais qu'il n'est pas un guide car son extremité se perd hors de la vue.
Je viens de ces eaux et elles m'appellent comme les tourne-pierre qui longent sans fin le liseré d'écume sur leurs pattes-brindilles. Je vois dans leurs yeux, mon premier amour, mon premier souvenir.
Je viens de cette immensité qui ne m'a pas transmise sa force.
Goutte d'eau dans cette symphonie sans note.
Je viens de la roche, de l'air et de l'eau emmêlés.
Je peux retourner en mon lieu il suffit de descendre l'escalier posé sur mes pensées.
Embrasser cette éternité, courir pieds nus jusquà la minuscule première vague, poser les mains à plat dans le sable, m'asperger le visage et lècher mes doigts.
Je suis à la maison,
chez moi.